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Yann Eliès : « Stimulant, même à cloche-pied »

Reparti de Newport où il a effectué les réparations nécessaires sur sa machine à la suite de sa rencontre fortuite avec un OFNI (objet flottant non identifié), le 31 mai dernier, sur les coups de 22h30, Yann Eliès a connu des premiers milles mous autant que complexes dans les méandres du Gulf Stream. Depuis hier soir, il a retrouvé du vent et progresse entre 13 et 14 nœuds de moyenne, au près, tribord amure, malgré le handicape suscité par le manque de sa dérive sur ce bord. Et pour cause, malgré le contexte, comme à son habitude, le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir est à 100% pour faire avancer son bateau au mieux, ce qui lui permet, par ailleurs, de trouver petit à petit ce qu’il était venu chercher sur cette Transat New-York – Vendée : une complicité palpable avec sa monture ainsi qu’une certaine forme de routine dans son utilisation.

in board -2 juin
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« C’était pas mal que ça redémarre tranquillement, cela étant, aujourd’hui, je suis content de retrouver des vitesses raisonnables », a expliqué Yann Eliès, ce matin, après 24 heures plutôt complexes, la faute au Gulf Stream, ce courant marin de surface, chaud qui longe la côte américaine depuis le Golfe du Mexique et se dirige vers le nord-est de l'Océan Atlantique et qui compte parmi les plus forts. « Actuellement, il nous embête toujours un peu car nous devrions avancer un peu plus vite sur le fond mais il y a de l’air et il fait chaud, alors on ne va pas se plaindre », a ajouté le navigateur qui a, dernièrement, dû choisir entre deux trajectoires radicalement différentes. « Au final, le choix a été plus simple que prévu car en y regardant de plus près, la route proposée par le nord faisait prendre le risque de rencontrer beaucoup de vent pour un gain plutôt maigre. De ce fait, j’ai opté pour la route sud, à mon sens plus réaliste », a indiqué le skipper qui va continuer de progresser dans 15-20 nœuds de vent en tribord amure, au reaching, pendant encore 24 heures, avant de se retrouver au portant dans une mer de plus en plus formée.

A cloche-pied
« On va avoir du vent, mais moins que les petits copains de devant. Ca va aller assez vite et on va continuer de bien se bagarrer avec St Michel – Virbac, mais aussi Safran qui nous a bien rattrapé ces dernières heures, ce qui m’a d’ailleurs un peu piqué au vif avant que je ne redémarre avec le vent, moi aussi. A présent, tous les trois, nous avons des vitesses similaires. De plus, nous sommes confrontés à une même problématique puisque nous marchons tous les trois à « cloche-pied », privés de dérive et de foil bâbord. Au final, nous sommes dans une configuration quasi identique et ce n’est pas inintéressant », a noté le Costarmoricain qui peut compter aussi sur la concurrence de Conrad Colman et Pieter Heerema, théoriquement un peu moins rapides mais remontés comme des coucous. « C’est assez stimulant », admet Yann qui doit toutefois adapter sa manière de naviguer avec cette histoire de dérive.

« Toute une symphonie »
« Je me retrouve avec un bateau un peu moins raide à la toile ce qui m’oblige à toiler un peu moins que la normale et aussi à ballaster un peu plus. Par ailleurs, comme les safrans prennent un peu plus d’effort, je dois faire attention à garder de bons repères dans l’utilisation du bateau », a avoué le marin, par ailleurs très satisfait de son tête à tête avec sa machine. « C’est vraiment sympa de trouver avec lui de la complicité et une certaine forme de routine dans la façon de l’utiliser en solo. C’est important de trouver ses limites et un rythme proche de celui d’un Vendée Globe. On l’oublie parfois, mais faire marcher un 60 pieds IMOCA, c’est toute une symphonie. Il faut naviguer, produire de l’eau, de l’énergie, faire attention à une multitude de petits bruits… C’est quelque chose de vraiment magique. »