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Yann Eliès : « Le Pacifique s’annonce assez compliqué »

Après quatre jours durant lesquels il a été confronté à une mer forte et des vents supérieurs à 50 nœuds, Yann Eliès commence à souffler un peu, ce vendredi, même s’il est obligé de ralentir un peu pour ne pas rattraper et se remettre dans les griffes de la fameuse dépression qui l’a déjà méchamment secoué. Le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir compose cependant encore avec près de 30 nœuds et des températures qui piquent un peu. De fait, depuis hier, il a incurvé sa route et évolue actuellement par 52° Sud, en limite de la zone interdite des glaces. Reste que son principal souci reste de parvenir à négocier au mieux le premier tiers du Pacifique qui, pour l’heure, s’annonce relativement complexe.

IMOCA QUEGUINER - LEUCEMIE ESPOIR 2016
© Alexis Courcoux

Comment va le moral des troupes, ce vendredi ?
« Ça va. Ça caille pas mal car l’eau est à 5°C et la température extérieure oscille entre 7 et 8°C. Je ralentis un peu pour me faire rattraper par une zone où il y justement moins de vent et moins de mer mais je ne vais toutefois pas trop tarder à renvoyer un peu de toile. Il y a quatre-cinq heures, j’ai roulé ma voile d’avant car il y avait encore plus de 40 nœuds. En fait, j’ai constamment le doigt sur le curseur pour gérer la zone de vent et de mer dans laquelle j’évolue. Pour l’heure, la zone des 50 nœuds n’est qu’à une centaine de milles devant moi car la dépression qui m’a embêté ces derniers jours n’avance pas très vite. C’est d’ailleurs chiant qu’elle soit si lente mais je devrais, heureusement, quitter son influence dans la journée, après avoir empanné. Dès lors, je ferai un peu de nord pour anticiper l’arrivée de la prochaine dépression dont je vais subir les effets à partir de demain, aux alentours de 22 heures – minuit. »


Depuis la terre, on a parfois eu l’impression que vous aviez eu un peu de répit lors des quatre derniers jours or il s’avère que ne n’était pas le cas…
« C’est vrai. J’ai juste eu un peu de calme il y a 24 heures et j’ai remis du charbon dans la machine mais, ce matin, j’ai encore pris jusqu’à 44 nœuds de vent. A présent, ça s’apaise quand même bien et je pense que j’en vois enfin le bout. Je suis assez content d’avoir repris du terrain à Jean (Le Cam) mais je ne sais pas encore si je vais recroiser devant ou derrière Jean-Pierre (Dick). Je n’ai pas fait tourner se routages à lui mais même si je croise devant maintenant, je m’attends à ce qu’il finisse par me doubler car les conditions à venir s’annoncent plus favorables pour lui qui est équipé de foils. Cela étant dit, c’est difficile de faire des pronostics surtout que l’on devrait avoir un Pacifique assez compliqué. »


Vous parlez de Jean Le Cam. Vous avez, effectivement, bien recreusé l’écart sur lui ces dernières 24 heures…
« Oui. Il a fait une route plus sud que la mienne et sans doute qu’il a été un peu gêné par la zone interdite des glaces, alors que moi, je me retrouve pile-poil lay-line avec elle. Je vais ainsi empanner à quelques milles seulement de sa limite, sans manœuvre d’ajustement, contrairement à Jean. Finalement, je n’ai pas si mal négocié cette dernière dépression même si, dans l’histoire, j’ai beaucoup perdu sur Jérémie Beyou et Paul Meilhat. A un moment donné, ils étaient à 300 milles de moi. Aujourd’hui, ils sont plus de 1 000 milles devant. Une scission est faite même si nous ne sommes qu’à la mi-parcours, et qu’il peut encore se passer plein de choses. En attendant, il va falloir essayer de se battre pour garder cette cinquième place. »