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Yann Eliès : « Hâte de connaitre l’émotion d’une fin de tour du monde en solitaire »

La situation reste complexe pour Yann Eliès, qui s’est posé la question de savoir comment négocier cette nouvelle dépression sur sa route. Il a finalement tranché pour rester sur la même trajectoire que Jean Le Cam afin de le contrôler au mieux et de minimiser le risque de le voir recroiser devant lui à l’approche du cap Horn. Reste que s’il est très concentré sur sa trajectoire, d’autant qu’il s’apprête à composer avec des petits airs dans les prochaines heures, le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir n’en oublie pas de suivre ce qui se passe chez nous. Ce lundi, en l’occurrence, il se réjouit pour Thomas Coville, nouveau recordman du tour du monde en solitaire, dont il salue grandement l’exploit.

Image du bord de Quéguiner / Leucémie Espoir
© DR

Comment ça se passe aujourd’hui à bord de Quéguiner – Leucémie Espoir ?
« Ce n’est pas facile. J’ai encore eu un choix merdique à faire avec cette dépression. J’aurais pu essayer de la contourner par le nord, mais c’était très risqué. Quand je faisais tourner des routages, Jean (Le Cam) se retrouvait quasiment à égalité avec moi, sur la même trajectoire, or les routages, depuis le départ, je n’arrive pas à les tenir. Voilà pourquoi j’ai préféré rester dans son axe, jouer tactique et perdre du terrain. Au final, j’aime mieux être 15 milles devant lui plutôt que décalé à 100 milles dans son nord, avec 30 milles d’avance mais l’éventualité de ne pas réussir à recroiser devant lui dans les jours à venir. En tous les cas, en ce moment, on n’avance pas très vite vers l’objectif. C’est un peu pénible. On n’a pas une très bonne météo parce que derrière, ça revient, et devant, ça se barre. »


Un mot sur la suite ?
« Ça s’annonce assez mou, voire très mou, mais on ne va pas se plaindre car ça permet de ne pas trop solliciter la machine. C’est jusque que le temps ne passe pas très vite. On voit tous les copains qui passent le cap Horn ou Thomas Coville qui arrive en 49 jours. Ça mine un peu le moral. Moi je suis à 49 jours et j’en ai encore pour 30 au minimum. »


Thomas Coville vient, effectivement, de boucler son tour du monde en solitaire en 49 jours 3 heures 7 minutes et 38 secondes. Quel regard portez-vous sur cette performance ?
« Elle est incroyable ! Thomas a mis un jour de moins que nous, à 14, sur Orange 2 il y a 15 ans ! Quand on voit l’état dans lequel il s’est mis, on voit qu’il a vraiment tout donné. Certes, il a eu une météo fabuleuse, mais il a su l’exploiter à merveille. Il n’est pas loin d’avoir réalisé ce qu’on peut faire de mieux avec des bateaux archimédiens et ça plante le décor pour les bateaux nouvelle génération. On sent qu’on est un peu à la fin d’un cycle. Il va falloir laisser la place à de nouvelles technologies pour aller passer le mur du son. Le truc, c’est qu’on ne sait pas encore combien de temps ça va prendre de mettre au point ces machines, ni comment elles vont s’accommoder du terrain de jeu qu’est le tour du monde. En tous les cas, j’ai appelé Jean-Luc Nélias dès hier soir. Il est un artisan important de la réussite de ce projet là aussi et j’ai tenu à le féliciter car on parle souvent du skipper mais peu des équipes qu’il y a autour. Quant à Thomas, me mets à sa place, je pense qu’il nage dans le bonheur et c’est mérité. J’ai hâte d’arriver du coup. De couper la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne et de connaitre l’émotion de ce que peut provoquer le fait de boucler un tour du monde en solitaire. J’ai hâte. C’est mon objectif. Ce qui m’anime maintenant au quotidien. »