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Yann Eliès : « Essayer de revenir à moins de vingt minutes de la tête de course »

Après une première étape pour le moins musclée et trois jours pour la digérer, Yann Eliès et les 42 autres concurrents de la 48e édition de la Solitaire Urgo – Le Figaro s’apprêtent à prendre le départ du deuxième round de l’épreuve. À 15 heures, ce samedi, ils s’élanceront pour 520 milles à destination de Concarneau, après avoir paré l’Occidentale de Sein puis l’île d’Yeu. Largement rassuré sur ce qu’il est capable de produire après un Vendée Globe qui a laissé des traces, le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir est complétement d’attaque pour cette nouvelle étape. Une manche qui s’annonce radicalement différente de la première, avec assez peu de vent, mais une vilaine dorsale et une multitude de zones de transition à négocier dans le golfe de Gascogne susceptibles de creuser d’importants écarts à l’arrivée. Pour le navigateur Costarmoricain, généralement très à l’aise dans ce type d’exercice un peu délicat, les objectifs sont clairement annoncés : il s’agit de combler son retard au classement général et de revenir à moins de vingt minutes des premiers (il en compte aujourd’hui 39, et occupe la 5eplace). Mais aussi, pourquoi pas, d’aller chercher une 11e victoire d’étape historique.

Solitaire Urgo Le Figaro 1ère étape mardi 6 juin
© Alexis Courcoux

Si la première étape de la Solitaire Urgo – Le Figaro, qui s’est jouée entre Bordeaux – Pauillac et Gijón, s’est révélée difficile en raison des conditions dantesques que les marins ont dû affronter, celle qui s’ouvre aujourd’hui s’annonce elle aussi particulièrement scabreuse, mais pour des raisons radicalement différentes. « Ça va être une étape sympa pour ceux qui ont du temps à récupérer, mais un peu stressante pour ceux qui ont du temps à conserver », a déclaré Yann Eliès, conscient que bien des incertitudes planent encore sur le scénario à venir, mais également que d’importants écarts vont pouvoir se créer sur le tronçon Gijón – Chaussée de Sein, et en particulier dans les premiers milles. « C’est clairement une étape où l’on va jouer un peu au yoyo. De fait, on va se battre avec une dorsale anticyclonique qui va monter plus ou moins avec nous sur le parcours. Si cette dorsale n’avance pas très vite, le danger, c’est qu’un groupe parvienne à rester devant, dans son nord, et qu’elle se creuse sur le reste de la flotte, mangeant ainsi tous les autres. Dans ce cas-là, on pourrait voir certains faire le break et même mettre K.O. tout le monde », a indiqué le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir, qui redoute aussi le décollage des côtes espagnoles. « Pour l’instant, on a un peu du mal à percevoir la façon dont on va partir d’ici. Certains sont très pessimistes. De mon côté, je pense que ça va bien se passer parce qu’il y a tout le temps un petit peu de vent près des terres, même si, très vite après ça, on va avoir une phase de transition plus délicate à gérer. Au final, tout cela promet une étape intéressante », s’est réjoui le navigateur, d’ores et déjà impatient de retourner en découdre en mer.

Profiter d’être en mer

« Cette fois, on va vraiment pouvoir profiter d’être en mer. On va avoir le temps de manger, de discuter, de régler le bateau, de dormir… En bref, on va avoir le temps de faire tout ce qu’on n’a pas eu le temps de faire pendant la première étape ! », s’est amusé Yann, qui ne boude pas son plaisir d’aller jouer dans des conditions aussi complexes. Et pour cause, généralement, le fait d’avoir à gérer une multitude de zones de transition lui réussit plutôt bien. « C’est vrai que j’aime bien ce genre de conditions un peu foireuses. Maintenant, je peux être pris au piège comme les autres. Je ne fais donc pas le malin », avoue le marin, conscient de l’importance d’être bien placé à la pointe bretagne. « À mon avis, celui qui passera l’Occidentale de Sein en premier aura course gagnée. Peut-être qu’ensuite les écarts vont continuer de se creuser car il y aura une alternance de thermiques de nuit, de thermique de jour et de synoptiques à négocier, mais à mon sens, à partir du moment où l’on fera de l’Est, ce sera terminé. Le Classement restera figé jusqu’au bout », précise Yann qui espère que, cette fois, l’étape ne sera pas raccourcie, mais aussi et surtout réaliser une belle performance pour rester dans le match. « J’aimerais réussir à revenir à moins de vingt minutes de la tête de la course et, si possible, gagner l’étape. Reste que l’essentiel sera d’essayer de ne pas passer au travers, de ne pas se rater complètement. On va bien voir ».