Actualités

470 milles, pour un triplé !

Leader du classement général à quelques heures du départ de la quatrième et dernière étape de la Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire, Yann Eliès espère rejoindre le cercle très fermé des triples vainqueurs de cette course légendaire. Contraint à l’abandon l’an dernier, pour avoir démâté, le skipper de Groupe Quéguiner- Leucémie Espoir a toutes les cartes en main pour s’offrir une belle revanche. Mais il connait suffisamment cette course, pour savoir que rien n’y est acquis avant la fin. Vingt-deux minutes et vingt-six secondes : c’est ce qui le sépare de son dauphin Charlie Dalin. Un matelas appréciable certes, mais pas forcément suffisant, sur une étape dont le parcours a été raccourci, et dont le jeu promet encore d’être très ouvert.

Les Figaros Beneteau au passage de l ile d Ouessant lors de la 3eme etape de la Solitaire du Figaro - Eric Bompard cachemire entre La Cornouaille et Torbay (Angleterre) - le 15/06/2015
© Alexis Courcoux

Un parcours raccourci
Décidément, la météo aura semé le trouble sur cette Solitaire du Figaro ! Si la quatrième et dernière étape devait être la plus longue de cette édition, elle a finalement été réduite à 470 milles, en raison des vents faibles qui souffleront pour traverser la Manche. La flotte, qui devait initialement remonter jusqu’à l’ile de Lundy, se contentera d’aller chercher une bouée située dans le nord de la Cornouaille, avant de redescendre vers les côtes françaises. Une décision qui n’a pas fait l’unanimité comme le rapportait Yann à la sortie du briefing : « Tout le monde commence à être un peu tendu, et un peu fatigué, et la plupart des coureurs poussent pour que le parcours soit le plus long possible, pour avoir l’opportunité de se refaire. Mais c’est une bonne décision. Je n’ai aucune envie de naviguer des heures dans la pétole». A défaut de contourner l’Ile de Lundy, Yann saluera à nouveau le phare de Wolf Rock. Une nouveauté qui pour lui n’a rien d’anecdotique, mais qui le fait sourire. «C’est chouette, je vais à nouveau passer devant mon pote de Wolf Rock ! » s’amusait le briochin avant d’ajouter «Ceci dit, si l’on exclut la fois où j’ai démâté, j’y suis plutôt passé en tête dans ma carrière de marin. Je vais donc me dire que c’est une bonne chose.»

Une étape feu d’artifice  
Même si le parcours est amputé de 130 milles, les concurrents devront avoir du flair pour tirer leur épingle du jeu dans une étape où les écarts pourraient rapidement se creuser, comme le soulignait Yann en abordant l’aspect météo : «Ce sera une étape feu d’artifice, à l’image de cette Solitaire ! On a passé notre temps à gérer des situations météo complexes, et ce sera encore le cas ici. Les opportunités d’accroître son avance ou de réduire son retard ne manqueront pas. Il faudra être opportuniste, il y aura des coups à jouer.» La première difficulté sera de quitter la baie de Torbay, difficile à négocier en raison de ses courants et de ses vents instables. Une fois qu’ils s’en seront échappés, les 39 figaristes devraient profiter d’un petit flux de Sud-Ouest pour rejoindre la pointe de la Cornouaille, mais Eole devrait mollir dès la soirée de lundi, et les premières options devraient se dessiner. «On aura le droit à un vrai chemin de croix, avec d’un côté une option le long des côtes anglaises pour essayer de trouver une brise thermique assez faible, et de l’autre, une option consistant à traverser directement la Manche pour aller chercher plus de vent du côté des iles anglo-saxonnes et de la Normandie. Mais c’est un pari énorme que peu d’adversaires oseront tenter. Moi en tout cas, je ne pourrai pas me le permettre.»

Un leader confiant et prêt à attaquer  
Chassé de près par Charlie Dalin, et d’un peu plus loin par une meute coriace qui n’a pas dit son dernier mot, Yann est clairement l’homme à battre sur cette dernière étape qui va ramener la flotte sur les côtes françaises. Et même si le but sera de conserver le petit matelas d’avance qu’il a réussi à se constituer au classement général, il n’a pas l’intention d’aborder cette course sur la défensive «La meilleure stratégie sera l’attaque. Je ne peux pas marquer Charlie Dalin à la culotte pendant quatre jours, ça ne serait pas raisonnable, et ce serait le meilleur moyen de faire des bêtises. Je vais faire ma course, tout en gardant un oeil sur lui. Et évidemment s’il est trop près, là je serai obligé de le contrôler.» commentait Yann à propos des vingt-deux minutes et vingt-six secondes qui le séparent de son dauphin au classement. Prudent, le briochin ne baissera pas la garde, mais c’est avec le plein de confiance qu’il aborde cette ultime étape vers les eaux normandes : «L’ascendant psychologique est là, ma confiance aussi. Et même si je suis leader, c’est Charlie qui a la pression, car pour l’instant il n’a jamais réussi à terminer devant moi. Je n’ai aucune raison de stresser. J’ai toutes les cartes en main pour aller chercher ce triplé, et je n’ai pas envie de le laisser filer» concluait Yann souriant, et déterminé.