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Fastnet Race : Première course en double pour Yann Elies et Charlie Dalin

Il était 13 heures dix, heure française, lorsque Yann Elies et Charlie Dalin se sont élancés pour leur première course en double à bord du 60 pieds Quéguiner - Leucémie Espoir. Engagés sur la Rolex Fasnet Race, une épreuve de 603 milles entre Cowes et Plymouth via le célèbre rocher du Fastnet, le skipper briochin et son co-skipper espèrent marquer les esprits, à un peu plus de deux mois du départ de la Transat Jacques Vabre. Confrontés à sept autres IMOCA, dont deux à foils, au sein d’une flotte de près de 400 bateaux, le tandem vise un podium dans sa catégorie. Mais cette régate est aussi l’occasion d’apprendre à fonctionner en binôme en situation de course, et de se qualifier en partie pour la transatlantique qui s’élancera du Havre le 25 octobre prochain.

Départ de la Rolex Fastnet Race 2015
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Départ de la Rolex Fastnet Race 2015Un début de course complexe
Engagé sur une course en double en IMOCA pour la première fois de sa jeune carrière, c’est avec une furieuse envie d’aller se frotter à la concurrence que Charlie Dalin a quitté les pontons ce matin, pour le départ de la Rolex Fastnet Race, aux côtés de Yann Eliès «Je suis super content de participer à cette épreuve aux côtés de Yann. Ce sera une super expérience, j’en suis sûr, même si les conditions météo vont offrir des passages compliqués.» Deuxièmes à s’élancer, juste après les multicoques, c’est dans les petits airs que les huit IMOCA en lice dans ce grand rendez-vous estival, ont lentement attaqué les premiers milles pour descendre le Solent et progresser vers l’Ouest. Un vent extrêmement faible, qui ne devrait pas se montrer plus généreux dans les heures qui viennent. «La première partie sera très technique, jusqu’aux iles Scilly (à la pointe Sud-Ouest de l’Angleterre), qui constitueront un passage à niveau. Nous aurons trois DST (zone de séparation de traffic) à éviter, plus l’archipel qui constitue un obstacle en lui-même. Différentes possibilités s’offriront à nous pour contourner cet amas de zones interdites, en sachant que nous aurons très peu de vent et pas mal de courant. Ce passage délicat sera le tournant de la course» confiait Yann après avoir épluché les fichiers météo. Et Charlie d’ajouter «Il n’est pas exclu que l’on soit obligé d’utiliser le mouillage à un moment donné, ça risque d’être compliqué. Mais après, une vingtaine de noeuds de vent devraient rentrer au Sud, Sud-Ouest, et l’ordre de redémarrage après les iles Scilly sera probablement le même que celui à l’arrivée.»

Un podium en ligne de mire
Opposé à sept IMOCA qui comme eux, participeront à la Transat Jacques Vabre à l’automne prochain, Yann et Charlie profiteront de cette course pour jauger la concurrence, et tenter de prendre un ascendant psychologique sur leurs adversaires. «Nous avons déjà effectué quelques entraînements qui nous ont mis l’eau à la bouche, et l’Artemis Challenge nous a donné envie de plonger dans la compétition d’entrée de jeu. Nous aimerions gagner cette course, mais ce sera compliqué, alors si nous pouvions faire un podium, ce serait top !» confiait Yann à propos de ses ambitions. Parmi les concurrents engagés, PRB emmené par Vincent Riou et Sebastien Col, et SMA skippé par Paul Meilhat et Michel Desjoyeaux semblent les mieux armés pour la gagne. Mais les deux bateaux de la nouvelle génération que sont Banque Populaire et Safran sont les seuls à être équipés de foils, et leur maîtrise pourrait rapidement changer la donne. Bien que dotés d’un monocoque moins récent, Yann et Charlie peuvent rivaliser avec cette armada. Mais pour cela ils doivent continuer à apprivoiser ce 60 pieds pris en main il y a tout juste un mois, au terme d’une saison réussie en Figaro. «Nous avons une carte à jouer, mais nous devons encore progresser et apprendre à utiliser tout le potentiel du bateau. Nous allons profiter de cette course pour voir quelles sont les allures où nous sommes plus ou moins à l’aise et cibler le travail à effectuer» soulignait Charlie, vainqueur de cette épreuve sur un Figaro Bénéteau 2 l’an passé.

Un binôme en plein rodage
Par delà l’envie de performer, le tandem profitera de cette régate en double, la première de leur association, pour affiner le fonctionnement de leur binôme. «Il y a aussi l’objectif de trouver un fonctionnement qui nous convienne pour bien répartir les tâches et apprendre à utiliser le bateau au mieux» confiait Yann qui restera le décisionnaire à bord, même s’il échangera avec Charlie et tiendra compte de son avis. «J’ai un peu plus d’expérience en IMOCA aussi bien pour les choix de voile que pour le maniement du bateau, donc je tiens à garder la prise de décision finale», confessait le briochin, qui compte sur son acolyte, pour lui apporter son regard sur la performance, et se charger de toute la partie informatique, électronique et le réglage du pilote automatique. Peu expérimenté sur ces monocoques de 18 mètres de long, Charlie profitera de cette navigation dans un coin qu’il a sillonné plusieurs fois en Figaro, pour approfondir sa connaissance du bateau. «Même s’il n’y a pas beaucoup de vent, c’est un format de course assez rapide, qui ressemble sensiblement à une étape de la Solitaire du Figaro, avec des effets de site et du courant. De ce point de vue là, je serai dans mon élément, mais sur une machine plus complexe, plus rapide, qui demande plus d’anticipation. Ce sera un entraînement intéressant.» Enfin, et c’est important, cette Rolex Fastnet Race sera l’occasion de se qualifier pour la Transat Jacques Vabre, qui s’élancera du Havre le 25 octobre prochain. Une qualification quasiment acquise à l’issue de la course. Le convoyage retour à Lorient en double suffira à la valider.