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Préparation Physique: Yann Eliès fait des globules rouges ...

Yann Eliès l’a annoncé fort et clair le mois dernier, en cette année de Vendée Globe, pas question de laisser sa place au hasard. Aussi, si cette dernière décennie, le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir a essentiellement travaillé les aspects propres à la navigation (technique, stratégie, tactique, réglages, météo…) et cultivé son mental au point de devenir inébranlable quelle que soit la situation, il met désormais tout en œuvre pour être affûté au mieux physiquement.  En ce sens, c’est à Méribel, dans la vallée de la Tarentaise, qu’il s’entraîne sous le regard attentif de son nouveau coach sportif, François Bonnod. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne rigole pas !

Méribel - Stage Montagne 2016
© DR

Ski alpin, ski de randonnée, skating, escalade, musculation, étirements… depuis son arrivée dans les Alpes, le 1er février, Yann Eliès enchaîne les activités et les exercices cardio. « Chaque jour, on varie les plaisirs autant qu’on les multiplie. Le soir, j’avoue que ça tire un peu », explique Yann Eliès, dont l’organisme s’habitue néanmoins petit à petit à l’altitude.  « La montagne, j’ai eu la chance d’y venir de temps en temps avec mes parents lorsque j’étais môme, pour pratiquer le ski alpin. Cela étant, je l’ai réellement découverte dans toute sa diversité au travers du Trophée Mer Montagne organisé chaque année par Eric Loizeau. Les rencontres que j’ai pu faire lors de mes diverses participations à l’épreuve m’ont permis de m’ouvrir l’esprit et de me rendre compte de l’incroyable terrain de jeu qu’elle représente », note le skipper. S’il apprécie dévaler les pistes, ce qu’il affectionne par-dessus tout, c’est sortir des sentiers battus et randonner dans les sous-bois, en ski de fond ou à peaux de phoque.

S’aérer le corps et l’esprit et limiter les excès
« J’adore le côté sauvage de la montagne, surtout après la folie des files d’attentes aux remontées mécaniques ou des bars d’altitude dont l’ambiance est similaire à celle d’une boîte de nuit à ciel ouvert », s’amuse le Costarmoricain, manifestement ravi de s’aérer le corps autant que l’esprit, et de faire le plein de globules rouges. « Ca fait du bien de changer d’air. La montagne, on n’y vient pas assez souvent et c’est dommage car comme je l’ai dit, il existe mille façons d’en profiter. Ce qui m’intéresse précisément aujourd’hui, dans ma préparation au Vendée Globe, c’est de mettre le paquet sur le plan physique dans un cadre qui me permet de faire une vraie coupure avec mon quotidien en Bretagne, le tout dans un cadre un peu familial puisque chaque midi et chaque soir, je retrouve ma petite famille », relate Yann, qui, par ailleurs, parvient à résister (en tous les cas jusqu’ici) à la tentation de la raclette, de la tartiflette et autres fondues savoyardes.

Mettre toutes les chances de son côté
« Je ne fais pas d’excès, au contraire même puisque je tente de perdre un peu de poids. Résultat, je tourne à la soupe. Je suis concentré à 100% sur l’objectif du Vendée Globe. Je sens que cette année, c’est vraiment l’année où le podium, voire la victoire, sont à portée de main pour moi. Je veux donc mettre toutes les chances de mon côté pour y parvenir. J’ai envie de tout faire parfaitement, y compris ce que je n’ai pas vraiment bossé jusqu’alors, comme justement la préparation physique ou la nutrition. Je veux tout faire à fond, ne rien laisser au hasard », souligne le skipper du 60 pieds Quéguiner – Leucémie Espoir, qui s’alignera, rappelons-le, au départ du tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance le 6 novembre prochain. « Le but de l’opération « Montagne », c’est de me mettre un peu dans le rouge. Ces derniers jours, avec François qui est également moniteur de ski à l’ESF de Méribel en hiver, j’ai bien tiré sur la machine », souligne Yann Eliès.

L’engagement, un point commun entre la mer et la montagne
« Le ski de randonnée ou le ski de fond sont intéressants parce qu’ils permettent de varier l’intensité de l’effort, et de travailler aussi bien au niveau musculaire qu’au niveau cardio car ils balayent toutes les filières énergétiques. De plus, dans ces activités de glisse, il existe un vrai travail d’équilibration, de proprioception et de coordination motrice idéal pour le marin qui évolue dans un milieu instable par définition », note le coach sportif. « L’escalade est, pour sa part, très profitable en termes de concentration, d’engagement mental, de souplesse et de prises d’informations visuelles. C’est un sport complet qui oblige à bien gérer son effort et qui met en valeur des compétences également essentielles à bord d’un bateau », ajoute François Bonnod dont la journée type à Méribel a systématiquement débuté par une session de ski alpin ou de ski de rando avant de se poursuivre par une petite sieste, un peu de skating ou d’escalade, puis de s’achever en salle de sport par des étirements, des exercices de souplesse et de récupération. « Nous avons pu profiter des infrastructures de la station (domaine skiable, salle de sport, piscine, spa…) dans leur ensemble et cela a permis à Yann de découvrir certaines activités mais aussi et surtout de repousser ses limites à tous les niveaux  », termine François Bonnod dont l’approche est à la fois celle d’un préparateur physique, mais aussi celle d’un coach mental et de stratégies de performance. « Ces quelques jours avec François ont vraiment été très riches. Cette semaine, je suis sur un mode un peu plus tranquille, en famille. Reste que je ne mollis pas. De fait, tout ce qui est pris maintenant ne sera plus à prendre ensuite ».