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Yann Eliès : « 250 milles de retard sur le premier, c’est un peu sévère »

Après avoir passé l’équateur hier, aux alentours de 15 heures, Yann Eliès évolue désormais dans l’hémisphère sud et profite, comme les autres leaders du Vendée Globe, des alizés de sud-est pour cavaler bon train. La bonne nouvelle, c’est que les conditions météo s’annoncent relativement favorables pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène. La moins bonne, c’est que dans les prochains jours, jusqu’à l’arrivée d’un front pour filer dans l’est, ce sont une nouvelle fois ceux de devant qui devraient être le mieux servis. A la clé pour le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir, un retard qui pourrait se porter à 350 voire 400 milles d’ici à la semaine prochaine. C’est évidemment un peu dur à accepter pour le marin qui a, on l’a déjà dit, été largement pénalisé lors des premiers jours de course par la casse de son hook de grand-voile, même s’il sait que la route est encore très longue. Reste qu’il s’accroche car la vapeur pourrait bien s’inverser une fois les latitudes 34° ou 35° sud atteintes. 

Photo de Queguiner - Leucemie Espoir
© DR

Yann, comment se sont passés ces derniers jours de course ?

« On a laissé quelques plumes dans le Pot-au-Noir. On ne peut pas dire qu’il nous ait été très favorable, même si on a gagné sur ceux de derrière. En fait, on a surtout perdu sur Alex Thomson et ses quatre poursuivants les plus proches. Evidemment, c’est un peu consécutif aux premiers jours de course qui nous ont fait perdre des milles précieux à des moments clés. L’avarie de hook de grand-voile nous a, grosso-modo, fait naviguer un peu plus de huit heures sous voile d’avant seule. Forcément, ça n’a pas aidé et c’est pourquoi je ne suis finalement pas si mécontent de me retrouver là où je suis. Il n’empêche que je trouve un peu sévère le fait de compter 300 milles de retard sur la tête de flotte. Ce serait 100 de moins, ça irait mieux. »

Ce problème de hook est-il réglé à présent ?

« Oui, cependant je n’ai pas 100% confiance dans le nouveau hook installé. Clairement, je vais avoir ça au-dessus de la tête comme épée de Damoclès jusqu’à la fin de la course. J’ai installé une sécurité pour me laisser la possibilité de dé-hooker manuellement dans le cas où je n’y parviendrais pas automatiquement depuis le bas. La punition serait de devoir monter en tête de mât pour le débloquer. »

Un mot sur la suite. Quid des prochains jours ?

« Depuis hier, j’ai commencé à faire tourner les routages sur dix jours, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’ils nous amènent jusque dans le grand Sud. En gros, ils nous font arriver du côté de Gough Island située à la pointe la plus nord de la zone interdite en Atlantique sud, le 23 novembre. Avant ça, nous allons devoir faire une grande parabole pour contourner l'anticyclone de Sainte-Hélène. Nous allons débuter par une longue phase de reaching serré puis enchaîner à 90° du vent jusqu’au large de Rio de Janeiro où il faudra empanner. Une fois que ce sera fait, a priori, on devrait tous arriver à attraper un front venant de l’ouest qui nous ferait descendre jusqu’34°-35° Sud. C’est le scénario prévu aujourd’hui même s’il a le temps d’évoluer. En tous les cas, on commence maintenant à adapter notre trajectoire en fonction de lui. »

Est-ce un scénario qui va continuer de rendre les riches plus riches ?

« Contrairement à certaines fois où l’on doit aller raser les côtes brésiliennes à 50 milles, cette année, on devrait plutôt passer à 150 ou 180 milles au large. Le hic c’est qu’effectivement, les conditions météo attendues sont encore à la faveur des bateaux qui sont devant. Cela signifie que je vais continuer à perdre du terrain jusqu’à ce que j’atteigne le front évoqué tout à l’heure. Je pense, malheureusement, que je vais voir mon retard augmenter jusqu’à 350, voire 400 milles sur le premier dans les prochains jours. Heureusement, la tendance pourrait bien s’inverser une fois dans le grand Sud. »