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Yann Eliès : « Important de garder des forces »

Après quatre jours passés au près, à se faire secouer et à souffrir de l’humidité permanente à bord de son bateau, depuis hier soir, Yann Eliès compose avec des vents plutôt mous dans l’anticyclone de Sainte-Hélène. Une zone de hautes pressions atmosphérique qu’il devrait toutefois laisser derrière lui dès ce soir avant de retrouver un semblant d’alizé. En attendant, le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir doit gérer au mieux sa trajectoire pour reprendre le dessus sur Jean Le Cam avec qui il navigue à vue, mais aussi commencer à viser son point d’entrée dans le Pot-au-Noir. En clair, comme il le dit lui-même, il y a du boulot !

Photo du bord
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Comment ça va aujourd’hui ?
« Ça va. Les conditions à bord s’améliorent petit à petit et c’est tant mieux parce que ça l’humidité permanente commençait à vraiment me peser. Depuis hier, ça sèche et je retrouve un brin de confort de vie. J’attendais ça depuis un moment et ça fait du bien. Je vais pouvoir me laver aussi. Pour le reste, j’ai Jean (Le Cam) sous le vent, en visu. On ne se lâche plus ! »


Au dernier pointage, Jean-Pierre, Dick, Jean Le Cam et vous, vous tenez en moins de quatre milles par rapport à la distance au but. L’anticyclone de Sainte-Hélène pourrait-il être juge de paix ?
« Sur les routages que j’ai fait tourner, normalement Jean-Pierre ne devrait pas ralentir comme nous, dans zone sans vent. Il devrait, certes, un peu galérer à tirer des bords pour passer l’anticyclone, mais il ne devrait pas ralentir. La Bagarre est, en fait, essentiellement entre Jean et moi. »

Justement, comment gérez-vous ce duel ?
« A partir du moment où on sait qu’on est proche, qu’on voit les vitesses et les caps des bateaux en instantané à l’AIS, on a du mal à aller dormir. On redevient des Figaristes purs et durs, comme si on était sur des étapes de 24 ou 48 heures. Le problème c’est que là, on est sur le Vendée Globe et qu’il faut profiter de dormir quand le bateau va à peu tout droit seul tout. Il faut garder des forces pour quand le vent devient erratique et qu’il faut être un peu plus présent sur les réglages. »

Jusqu’à quand allez-vous devoir composer avec de tous petits airs ?
« Normalement, jusqu’à ce soir. Ensuite, on se retrouvera vent de travers, à 90° du vent, dans un alizé plutôt mou au début. Je pense qu’il y aura quelques grains à gérer, et donc, mine de rien, pas mal de boulot à faire. Le truc sera d’affiner au mieux ses trajectoires. La difficulté, c’est que les fichiers météo n’estiment pas toujours correctement l’alizé, que ce soit dans sa force ou dans sa direction. Il faudra s’adapter avec ce qu’il y aura en réalité et bien viser le point d’entrée dans le Pot-au-Noir tout en veillant à ce qu’il ne s’étende pas trop et qu’il se résorbe bien comme prévu. Ce sera aussi important de faire de la vitesse. Jean a l’air assez rapide dans ce type de conditions. Je n’ai pas trop compris comment il avait réussi à me dépasser ces derniers jours. J’espère bien inverser la tendance. En attendant, pour être franc, ce qui me fait plaisir, entre guillemets, c’est que les premiers galèrent un peu depuis le cap Horn et que ça va continuer dans l’Atlantique nord. De fait, ils vont avoir du près bien velu tandis que nous, derrière, nous devrions avoir un Pot-au-Noir relativement facile à traverser. Bien sûr, c’est encore dans une semaine et il faut rester prudent mais ça fait quand même quelques jours que les modèles voient la situation s’améliorer à notre arrivée. Si cela se confirme, on devrait réduire un peu l’écart par rapport à eux en termes de temps. En clair, on ne devrait pas se prendre dix jours dans la vue à l’arrivée, mais plutôt entre cinq et sept. »

Vous avez dû réparer votre grand-voile, déchirée sur la chute entre le 3e et le 4e ris. Qu’en est-il ?
« Ça va, même ça me rend un peu soucieux à partir du moment où il y a plus de 20-25 nœuds, parce qu’elle fait des plis que je n’aime pas trop. Maintenant, le tissu a l’air assez solide et le voilier, Jacques Guichard, est assez rassurant. Cela étant dit, il reste encore 17-18 jours de mer. Il faut qu’elle tienne jusque-là si non, je suis bon pour refaire un peu de couture. »