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Yann Eliès : « Le terrain de jeu est moins difficile mais reste cabossé »

Après avoir ralenti sa progression et fait le dos rond pour laisser passer devant lui le plus gros de la tempête plantée sur sa route dans l’océan Indien afin de préserver au mieux sa machine pour la suite de la course, Yann Eliès est désormais sorti d’affaire. En effet, après avoir, malgré tout, composé avec des vents jusqu’à 40 nœuds et une mer démontée, le skipper retrouve, petit à petit des conditions plus maniables. Le voilà donc de nouveau à l’attaque. Entretien.

IMOCA QUEGUINER - LEUCEMIE ESPOIR 2016
© Alexis Courcoux

Yann, comment ça va aujourd’hui ?

« J’ai passé la nuit sous deux ris J3, finalement assez tranquillement. Ce matin, j’ai renvoyé de la toile et ça bombardait bien mais la mer n’était pas rangée. J’ai donc relevé un peu le pied mais, à présent, la mer est en train de se calmer. Je vais donc pouvoir attaquer. J’ai découvert, par ailleurs, qu’il y avait eu pas mal de casse ces dernières heures au sein de la flotte : le démâtage du Japonais, les soucis de GV de Jérémie Beyou… C’est la preuve que nous sommes dans le dur car, comme toujours, dans la première moitié de l’Indien, les inévitables avaries se succèdent, malheureusement. Le truc, c’est que ça risque d’être encore plus vrai cette année puisque nous n’avons pas eu l’écrémage habituel dans le golfe de Gascogne. Je pense qu’il faut s’attendre, dans les jours qui viennent, à voir pas mal de soucis techniques apparaître sur les bateaux. " 

Les conditions que vous avez rencontrées ces dernières 24 heures ont-elles été très compliquées ?

« Finalement, ce qui m’a le plus gêné, c’est l’état de la mer, hier après-midi. Il y avait 20-25 nœuds de vent mais il y avait une mer de face et je ne pouvais pas attaquer car dès que je mettais un peu de charbon, le bateau s’envolait, tapait et j’avais peur de tout péter. Quand la mer s’est rangée, le vent est rentré et, finalement, ce n’est pas monté si fort que ça. Au maximum, j’ai eu 40 nœuds. Maintenant, je l’ai dit, c’est mieux, mais la mer reste un peu casse-bateaux. Il faut faire gaffe et avancer prudemment pour ne pas abîmer la machine car c’est toujours pareil, il y a des zones où la mer est bien et d’autres où elle est chaotique. Ce n’est pas évident de trouver le bon rythme. Hier, je me disais que j’aurais pu couper le fromage un peu plus car j’ai quand même perdu pas mal de distance par rapport aux autres en me ralentissant. J’aurais peut-être pu mettre un peu plus de sud dans ma route car aujourd’hui, Jean-Pierre Dick est plus sud que moi. D’un point de vue comptable, c’est n’est pas terrible mais d’un point de vue fatigue du bonhomme et du matériel, c’est plutôt positif car le bateau est en bon état. On a évité le plus gros de la tempête et on va pouvoir continuer notre route sans avoir à bricoler. »

Allez-vous pouvoir profiter d’un peu de répit dans les heures qui viennent ?

« Une petite accalmie devrait se mettre en place tranquillement dans la journée ou en début de nuit. Ensuite, je vais empanner à 100 ou 150 milles dans le nord nord-est des Kerguelen et après, je partirai pour un grand bâbord quasiment jusqu’à l’Australie avec un peu d’air. Normalement, le gros de la tempête est passé donc c’est plutôt cool. »

D’autant qu’il fait un peu moins froid que ces derniers jours…

« C’est vrai. La tempête qui vient d’Afrique a ramené du chaud. Maintenant, l’eau est à 10°C et l’air à 13. C’est quand même beaucoup mieux que ce qu’on avait ces trois-quatre derniers jours. On évolue dans des conditions climatiques moins difficiles même si le terrain de jeu reste quand même bien cabossé ».