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"Du grand n’importe quoi au milieu de l'Atlantique!"

C’est un scénario insolite que sont en train de vivre les leaders de la classe IMOCA sur la Transat Jacques Vabre 2015. Composé de Quéguiner-Leucémie Espoir, PRB et Banque Populaire VIII, le trio qui mène la danse chez les 60 pieds se croyait tiré d’affaire une fois franchi le Pot au Noir. C’était sans compter sur les farces de Dame Nature ! Alors qu’ils pensaient glisser allègrement vers le Sud sous un ciel alizéen, Yann Eliès, Charlie Dalin et leurs adversaires directs sont en train de louvoyer, le vent dans le nez . Une situation sans précédent qui à défaut de les amuser, a permis au briochin et à son acolyte de réduire l’écart sur PRB. Il faut maintenant attraper les alizés, avant que le reste de la flotte ne profite des clowneries d’Eole pour se refaire une santé.

Yann Elies, skipper du monocoque Imoca Groupe Queguiner-Leucemie Espoir en vue de la Transat Jacques Vabre 2015
© Alexis Courcoux

Décidément Eole se veut farceur sur cette Transat Jacques Vabre 2015  !  Pour la première fois dans l’histoire de la course au large, ce n’est pas au portant, en glissant dans les alizés, mais au près, le vent dans le nez, que les leaders de la classe IMOCA ont franchit l’Equateur pour rejoindre l’hémisphère Sud. Une trajectoire surprenante, qui loin de faire rire les concurrents, les a laissé pantois. «Normalement, une fois passé le Pot au Noir, même si nous ne sommes pas sur la route, il ne faut pas s’inquiéter, il suffit de poursuivre dans le Sud et ça finit toujours pas adonner. Mais là, nous nous sommes retrouvés à 70 degrés de la route vers le Brésil, c’est du délire. Nous pensions être tirés d’affaire, mais le vent n’adonnait pas, et le courant nous empêchait de faire le cap»,

confiait Yann Eliès, en évoquant cette situation cocasse, qui l’a décontenancé une bonne partie de la journée. Plongés dans l’incompréhension, le briochin et son co-skipper ont dû abandonner des «fichiers complètement faux», pour «revenir aux basiques, et tirer des bords rapprochants.»

La sortie du tunnel que le tandem de Quéguiner- Leucémie Espoir pensait entrevoir hier n’était donc qu’un leurre. Loin d’être tiré d’affaire, le binôme progresse au prés ce matin, dans un vent de dix noeuds, sous un ciel qui n’a rien d’alizéen «Nous avons l’impression que le Pot au Noir continue à gonfler et à descendre au Sud. Nous l’avons toujours aux fesses !» lançait Yann avant d’ajouter «Nous sommes sous un ciel couvert, avec de grosses masses nuageuses qui menacent de nous rattraper, et nous voyons bien que le vent faible est juste en bordure derrière nous.» Mais tout n’est pas noir dans cette affaire ! A défaut de leur permettre de glisser sereinement vers le Sud, cette situation insolite leur a permis de réduire considérablement l’écart sur PRB. Largement en tête hier, avec 25 milles d’avance, le leader actuel a perdu plus de la moitié de sa cagnotte dans la nuit. «Hier, j’étais très frustré, car je pensais que la situation resterait figée, mais finalement ce retournement de situation a redistribué les cartes, et nous a permis de réduire l’écart sur Vincent Riou et Sebastien Col. Ca permet d’y croire. Rien n’est joué» assurait Yann ce matin, toujours en course pour la gagne.

Mais si le match reste très serré au sein du trio de tête, le danger pourrait revenir par derrière, comme le craignent désormais les chefs de file de cette Transat Jacques Vabre dans la classe IMOCA. Lancés à un rythme effréné dans l’hémisphère Nord, Quéguiner- Leucémie Espoir, PRB et Banque Populaire VIII avaient pris la poudre d’escampette, et mis leurs adversaires hors de portée sur la première moitié de la course. Mais ces derniers se sont refaits une santé, et menacent désormais de revenir par l’Est à toute vitesse. «Nous commençons à surveiller les copains qui reviennent par derrière. Pour l’instant ils sont encore à 200 milles et n’ont pas traversé le Pot au Noir, mais ils risquent de revenir très fort sur ce coup là. La bagarre est loin d’être terminée» lançait Yann, prêt à livrer un nouveau combat dans ce deuxième round qui promet d’être complexe. En attendant de sortir les armes, le briochin s’est plongé dans un livre à suspense. «A défaut d’aller vite, nous avons eu le temps de bien manger, de dormir, et je viens de commencer l’unique bouquin que j’ai emmené. C’est un roman policier d’Harlan Coben. Ca m’évitera de trop cogiter» s’amusait Yann avant de glisser : «J’aurais peut-être dû en prendre un deuxième !»